La maladie Bipolaire : Parcours de vie de Véronique Labedade, Présidente-fondatrice de l’Association Le Phare des 2 Pôles

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L’association du Phare des 2 Pôles a été créée par Véronique Labedade après une longue errance dans la maladie bipolaire. Sa force de caractère et son histoire incroyable ont été à l’origine de notre aventure. Voici son histoire:

Les prémices de la maladie bipolaire

L’Association Le Phare des 2 Pôles est née de mon histoire, celle d’une personne vivant « normalement » jusqu’à l’âge de 40 ans, mariée, maman d’une adolescente et travaillant en tant que Responsable de boutique.

A ce moment-là, je commençais à avoir des problèmes dans mon couple et mon emploi. Je me posais des questions sur le sens à donner à ma vie.

Je démarrais alors une introspection seule, à l’aide de livres traitant du bouddhisme.

Je crois que la maladie pointait déjà son nez.

Après plusieurs mois d’introspection, j’ai éclaté une nuit d’octobre 1997 en faisant un délire maniaque sévère. Toute mon enfance est remontée d’un coup à la surface.

Mon parcours dans la maladie

Première hospitalisation à l’hôpital La Colombière à Montpellier.

J’ai longtemps entendu dans ma tête le bruit des clés, les cris des patients et j’ai gardé la vision des barreaux.

Ce fut horrible pour moi de laisser ma fille en pleurs devant la porte de l’hôpital.

Je basculais dans un autre monde : celui de la psychiatrie.

Tout fut d’une grande violence. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait ; je voulais m’enfuir.      

A l’hôpital, le couperet tomba après quatre semaines ; le diagnostic était posé : je souffrais d’une psychose maniaco-dépressive.

Ma fille, âgée de 15 ans, m’a beaucoup portée à ce moment-là. Elle a dû grandir d’un coup.

Errance dans la maladie bipolaire

A la fin de ce premier séjour, j’ai été lâchée dans la nature avec un traitement. Je ne comprenais rien et j’étais dans le refus de la maladie.

Mon couple a lâché. J’ai perdu mon emploi et mes amis de Montpellier.

J’ai alterné durant presque dix années entre phases maniaques et dépressions, dont une mélancolique profonde qui a duré six mois.

En juillet 2000, je décidai de quitter Montpellier et de partir avec deux sacs et mon chien rejoindre ma fille, scolarisée au lycée hôtelier de Nice.

Dans un premier temps, je me suis installée chez une amie pendant près de huit mois puis chez ma mère, à la Colle sur Loup.

La peur de perdre ma fille a été un électrochoc et mon combat durant de nombreuses années.

Je dirai que m’accrocher à ma fille m’a permis de me sauver.

Sur la Côte d’Azur, je parvenais à retrouver du travail mais sans tenir dans la durée.

J’ai aussi retrouvé ma sœur, présente dans les moments très difficiles.

Mes deux amies, Béa et Christiane, ne m’ont jamais considérée comme malade mais m’ont toujours soutenue par leurs actes et leur amour. Elles ont été mes « essentielles ». Une autre amie, Manue, s’est rajoutée et m’a acceptée telle que j’étais.

Pendant longtemps, j’ai été dans le déni de la maladie ; je ne prenais pas régulièrement mon traitement qui n’était pas adapté et qui me faisait prendre du poids, ce que je ne voulais pas. J’ai souffert et souffre d’ailleurs toujours d’une prise de poids importante.

Entretemps, les pratiques et les traitements ont évolué fort heureusement.

Le rétablissement

Un jour, il y a longtemps, une personne m’a dit « Tu es devenue folle ! ». « Suis-je devenue folle ? Non, je suis une personne avec une spécificité qui s’appelle « la maladie bipolaire.

Je suis descendue aux enfers, j’ai connu la solitude ; mais, comme le Phénix, je renais de mes cendres. »

Bien évidemment, mon rétablissement s’est fait par étapes successives.

J’ai connu le parcours complet de la psychiatrie.

Après une dernière hospitalisation au CH Sainte-Marie à Nice, j’ai été prise en charge par une équipe pluridisciplinaire (psychologue, psychiatre, infirmière-référente, assistante sociale) et j’ai vécu durant trois ans et demi dans un appartement thérapeutique, ce qui m’a permis de me reconstruire financièrement, avec l’aide d’une amie curatrice. J’ai pu ensuite reprendre une vie sociale « normale » dans un appartement en location.

Il a fallu que je devienne actrice de ma maladie. J’ai repris ma vie en mains le jour où j’ai pris conscience que j’étais une personne responsable de ma propre vie.

L’Espoir

Je l’ai trouvé à travers un livre de Delphine de Vigan : « Rien ne s’oppose à la nuit ». J’ai mieux compris, à travers ce témoignage, la souffrance que j’avais infligée à ma fille durant ma maladie. J’en ai porté la culpabilité jusqu’à il a peu de temps encore.

Comme la vie est bien faite, un second livre est venu à moi quelque temps plus tard : « J’ai choisi la Vie, être bipolaire et s’en sortir » de Hélène Gabert et Marie Alvery.

Ces lectures m’ont amenée à prendre conscience de mes troubles.

J’avais envie de m’en sortir, de vivre mieux, pour ma fille et pour moi.

Je me suis alors mise en quête d’une association pour les personnes bipolaires ; sans succès, puisqu’aucune association n’existait sur la région.

J’ai alors décidé de créer ma propre Association. C’est ainsi que Le Phare des 2 Pôles voit le jour en avril 2015.

Véronique Gendry me rejoint un an plus tard, en tant que Secrétaire de l’Association.

Cette maladie, je ne l’ai pas choisie, mais elle m’a reconstruite et révélée. Elle a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui.

Elle est à l’origine de l’incroyable histoire du Phare des 2 Pôles.

Avec cette Association, j’ai enfin le sentiment de ne plus être seule.

Nous sommes toutes et tous des guerrières et des guerriers, forts et fragiles à la fois, mais tellement courageux.

Mon parcours vers la résilience aura été long. Mais aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être arrivée à un moment de ma vie où je me sens enfin posée et à ma place.

Sans me substituer au corps médical, je porte un message d’Espoir : « Oui, nous pouvons aller mieux ».

J’en suis la preuve vivante et tellement d’autres adhérents dans l’Association peuvent aussi témoigner de leur rétablissement.

Les membres du Phare des 2 Pôles trouvent au sein du groupe entraide, solidarité et partage, valeurs que je porte et que je défends.

Rompre l’isolement est essentiel pour tous.

A l’automne de ma vie, je vis l’instant présent. J’accomplis ma part du colibri, avec force et conviction.

Ma fille est à son tour devenue maman de deux adorables petites filles, chères à mon cœur.

Je vais mieux et je suis là pour témoigner que l’on peut revenir de très loin.

« La Vie est belle ! » (film de Roberto Benigni)

Retrouvez en détail le parcours de Véronique dans les différents articles de presse qui lui ont été consacrés au sujet de la maladie bipolaité

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