Depuis 2022, l’Association Le Phare des 2 Pôles propose des ateliers d’art-thérapie pour malades bipolaires à Nice, dont la plupart se déroulent au Musée de la Photographie Charles Nègre.
Ils sont réservés à nos adhérents et sont organisés et animés par Guillemette Lorin, Art-thérapeute à Nice, diplômée de la Faculté de Médecine Paris V.
Nous lui laissons la parole pour témoigner ici de sa pratique et de son parcours, ainsi que de sa rencontre avec l’Association pour qui elle anime des ateliers d’art-thérapie pour malade bipolaires à Nice depuis quelques mois pour le plus grand bonheur de tous :
Qu’est-ce que l’art-thérapie ?
Sous le terme générique d’art-thérapie, se déclinent l’art-thérapie arts-plastiques (modelage, collage, peinture, dessin, etc), la musicothérapie, le théâtre-thérapie, la danse-thérapie et l’écriture-thérapie.
L’art-thérapie ou la thérapie à médiations artistiques arts-plastiques est une thérapie dite non verbale, qui offre au patient un moyen d’expression autre que la parole. Ainsi, le champ d’exploration n’est pas entravé par les mécanismes de défenses verbaux, la stratégie du détour favorise l’expression de soi. Dans l’atelier, la personne s’engage dans l’exploration des médiums (peinture, encres, pastels, collage…) par la création plastique, le langage principal est artistique. Grâce à sa créativité, et pendant ce processus d’expression libre, à son rythme, le sujet mène un travail de réflexion et de cheminement interne. Il se connecte à ses émotions, sentiments, sensations et perceptions pour se libérer de ses souffrances enfouies, par le faire, pour amorcer un changement positif. Les formes vont laisser progressivement surgir son monde intérieur, reflet de son état émotionnel du moment, ses traumas, ses expériences passées et ses aspirations futures. Dans ce cadre, la relation est dite triangulaire : le patient, l’art-thérapeute et la production car la communication se fait autour de cette dernière. L’art-thérapie s’adresse donc à toute personne, enfant, adolescent et adulte en souffrance ayant du mal à exprimer leurs maux par des mots. Avec l’accompagnement de l’art-thérapeute, cette introspection, et le déclic libérateur qui l’accompagne, entraine un « mieux-être » psychologique et psychique mais également physique. L’art-thérapie est pratiquée dans de nombreux secteurs de la santé, de la psychologie, de la psychiatrie et de l’action sociale.
Mon parcours d’art thérapeute
Je suis devenue art-thérapeute parce que je voulais associer deux mondes qui me passionnent l’art et le soin à la personne. J’ai commencé mon parcours professionnel dans le monde de l’art et j’ai, pendant 20 ans, principalement exercé le métier de chef de projet d’expositions (photographies et vidéos). En 2018, à mi-parcours professionnel, j’ai changé de métier pour être art-thérapeute. Au début des années 2000, j’ai rencontré un ostéopathe qui m’a longtemps soignée, grâce à lui j’ai découvert toute l’intelligence et les subtilités du corps humain, notamment son langage non verbal. J’ai développé mon intuition, mon empathie, mes capacités d’écoute et d’analyse, mes ressentis et je me suis intéressée à la psychologie humaine. J’ai cherché une méthode de soins et j’ai découvert les thérapies à médiations artistiques, ce procédé qui met l’expression plastique au service du soin. Je me suis formée à ce métier ; durant mes études, tout m’a passionnée, les cours, les séances en atelier et surtout le contact avec les patients. Aujourd’hui, j’ai retrouvé un métier qui a du sens. Être art-thérapeute c’est accompagner des personnes dans leurs cheminements internes, pour se reconnecter à elles-mêmes, à leurs parts créatives et retrouver un équilibre, une autonomie et un bien-être psychologique, psychique et physique. J’aime mon métier et cette méthode me correspond parfaitement.
Aujourd’hui, je continue d’associer mes deux passions, j’ai un cabinet d’art-thérapie en libéral, je fais des ateliers artistiques à l’Ehpad Emeis Corniche fleurie, je réalise des ateliers sur les « émotions artistiques » à la Médiathèque municipale de Cagnes-sur-mer et au Musée de la Photographie Charles Nègre à Nice et je suis conférencière vacataire pour le Musée Marc Chagall à Nice.
Les ateliers Art-thérapie pour maladies bipolaires à Nice avec le Phare des 2 pôles
J’ai rencontré Véronique Labedade, la Présidente du Phare des 2 pôles en 2021, grâce à Amandine Rousguisto, art-thérapeute, qui nous a présentées. C’est ainsi que j’ai découvert et connu cette présidente dynamique et bienveillante. Son Association est reconnue à Nice pour être impliquée dans divers évènements liés à la santé mentale. Je suis très heureuse de travailler en partenariat, depuis 2022, avec cette association active, qui regroupe des personnes bipolaires stabilisées, pour les sortir de leur isolement et leur proposer des sorties culturelles, groupe de parole, un voyage annuel, des ateliers thématiques, des séances de musicothérapie et d’art-thérapie. Du fait de ses membres et à leur grande ouverture d’esprit, j’ai pu, entre autres, leur proposer, et expérimenter avec eux, des séances d’art-thérapie au musée, des visites-ateliers sur « l’émotion artistique ». Chaque exposition est l’occasion de parler d’un sujet autour du bien-être. C’est grâce à Stéphane Tallon, le Directeur du Musée de la Photographie Charles Nègre et à son équipe, que ce projet a pu voir le jour, il m’a fait confiance et nous a ouvert ses portes en 2024. Les visites-ateliers sont réalisées en binôme avec Sonia Duchatel, la Médiatrice. C’est également grâce à Véronique Labedade, la Présidente du Phare des 2 Pôles que j’ai pu réaliser ce projet d’art-thérapie. Aujourd’hui, je suis ravie d’avoir rencontré ces belles personnes en cheminement et de pouvoir continuer à les accompagner à travers des ateliers d’art-thérapie.
La visite atelier de septembre 2024
Au début des années 1990, Bettina Rheims travaille en France et aux Etats-Unis où elle collabore avec des magazines internationaux et enchaîne les commandes : mode, publicité, portraits de célébrités et images pour le cinéma. Certaines photographies se distinguent pour devenir des œuvres d’art. Elles s’inscrivent dans son travail personnel et Bettina Rheims les extrait de leur contexte pour les regrouper dans sa série emblématique Pourquoi m’as-tu abandonnée ? Les participants ont été invités à se questionner sur la question de la féminité, la part du féminin et du masculin en chacun. La représentation du corps de la femme dans ce contexte photographique et son hyper sexualisation. Comment ces portraits sulfureux, esthétiques, parfois dérangeants mais aussi vulnérables exhalent selon vous la beauté ? Que disent ces photographies de la personnalité de ses modèles ? Et se demander ce que chacun perçoit sous cette interrogation Pourquoi m’as-tu abandonnée ?
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